Mot d'Isabelle Forest


La poésie permet de palper l’invisible, d’y donner corps et voix. Elle est regard, geste, questionnement, provocation, partage. Elle est parfois un corps lumineux au milieu de nulle part, une étoile perdue dans le trafic du matin, un spasme éblouissant dans la file à l’épicerie. Elle existe depuis toujours, mais n’a jamais toléré le confinement de la définition. Vaste et multiforme, elle emprunte maintes voies pour fouiller et révéler l’humain et l’univers qu’il occupe.

Depuis déjà 9 ans, le Mois de la Poésie met à nu le potentiel poétique de l’existence, principalement sur scène, mais aussi dans la rue, à la radio, dans les journaux; il emprunte divers canaux pour exhiber une parole qui existe au-delà des mots.

Les artistes poètes tentent de parler vrai, de parler juste, de trouver le plus petit chemin possible entre les êtres.

Et pourtant, poésie et esthétisme sont souvent confondus lorsqu’un simple c’est beau ! surgit à la suite de la lecture ou de l’écoute d’un poème. C’est beau ! parce que nous ne savons pas vraiment quoi dire d’autre, parce que nous ne comprenons pas ce que nous venons de vivre; nous ne saisissons pas cette vibration étrange qui nous a habités pendant une fraction de seconde, et qui n’est peut-être rien d’autre qu’une fissure ouverte sur nous-mêmes. Justement, là, cette fissure… ne venons-nous pas de nous rencontrer au bout d’une parole ?

Puisque je signe ici ma dernière programmation du Mois de la Poésie, je tiens à remercier ceux qui, à mes côtés, ont adhéré à ces rencontres au fil des ans : poètes, artistes de toutes disciplines, collaborateurs, spectateurs, lecteurs, auditeurs, partenaires, bénévoles, collègues et tous les autres. Tous ceux qui ont permis que mars fasse corps avec la poésie.

Merci, oui, d’avoir tâté avec moi l’en-dessous l’admirable. 

Isabelle Forest
Directrice artistique et littéraire